Comment interpréter la numération des réticulocytes

Les réticulocytes deviennent des  globules rouges en perdant  leurs ARN résiduels. Leur numération  pemet essentiellement de caractériser l’anémie comme regénérative. C’est à dire que la moelle «fabrique» plus d’érythrocytes que la normale. Ou aregénerative c’est à dire qu’ elle en «fabrique» moins que la normale. Nous allons dans la suite de cet article, faire une interprétation détaillée des résultats potentiels.

Sommaire

Interêt de la numération des réticulocytes

Elle réflète l’activité de la moelle osseuse. En effet, les globules rouges sont fabriqués dans la moelle osseuse. Ils vivent 120 jours dans la circulation sanguine avant d’être détruits par la rate, au même rythme que le renouvellement. Le taux de réticulocytes en moyenne dans le sang périphérique, est de 1% des globules rouges circulants. Ce renouvellement quotidien explique pourquoi la numération réticulocytaire reflète l’activité de la moelle osseuse.

C’est donc pour cela que la numération des réticulocytes est une étape fondamentale du caractêre régénératif ou non d’une anémie. Et par conséquent de sa cause, centrale ou périphérique.

Elle permet également d’évaluer la réponse au traitement contre l’anémie. De suivre les patients aplasiques, dysplasiques, ou enfin ayant subi une greffe de moelle osseuse.

Expression des résultats et valeurs de référence

Nous avons comme valeurs de référence :

 adulte1 an-12 ansNouveau-né
Réticulocytes (×109/l)20-8010-100120

En valeurs relatives, la référence est 0,5-1,5% des hématies, soit environ 1% dans la moyenne [1]

Sur le compte rendu doit être marqué la numération  des réticulocytes en valeur absolue, car c’est elle qui est interprétée, avec en regard les valeurs de référence en fonction de l’âge du patient.

Interprétation des résultats de la numération réticulocytaire

Une anémie est considérée comme régénérative pour un taux de réticulocytes supérieur à 120×10g /l, arégénérative dans le cas contraire[2] .

Caractéristiques des anémies regénératives

Généralement, les anémies périphériques sont dites régénératives. En effet, elles présentent généralement un taux de réticulocytes peu élevé  pour les  micro- hémorragies. A très élevé pour les anémies hémolytiques [3].

En cas d’anémie hémorragique aigüe, l’hyper-réticulocytose n’apparaît qu’entre 3 et 7 jours, pour être maximale à 7 jours après le début de l’anémie.

En ce qui concerne l’anémie hémolytique, la moelle compense la destruction de globules rouges en travaillant 3 à 4 fois plus, ce qui correspond à un taux de réticulocytes d’environ 5%.      

Par ailleurs, la diminution de la durée de vie des globules rouges fait augmenter par ricochet le pourcentage des réticulocytes  en circulation. Il n’est donc pas rare en forte crise hémolytique d’observer des taux de réticulocytes de 10 à 20 %, voire plus.

On peut donc dire qu’un taux de réticulocytes >6% signe une crise hémolytique [3].

Caractéristiques des anémies non regéneratives

En cas d’anémie non régénérative, l’on peut soupçonner que l’anémie soit d’origine centrale. Une aplasie médullaire est caractérisée par un taux de réticulocytes nul. Et une myélodysplasie est caractérisée par un taux de 0,1-0,5%.

L’exception d’anémie centrale qui présente un taux de réticulocytes  élevé est la situation d’hypersplénisme, car la rate elle-même est hémolysante.

Variations physiologiques et pathologiques

 

La numération des réticulocytes varie selon l’âge du patient.

Comme autres éléments pouvant causer un taux bas de réticulocytes en dehors d’une anémie centrale, nous avons :

  • Par exemple, les inflammations, les insuffisances rénales, les pathologies endocriniennes, les hémodilutions (physiologique à partir du 3e trimestre de la grossesse), les hypergammaglobulinémies ;
  • De même certaines habitudes de vie. Par exemple :
    • l’alcoolisme est souvent caractérisé par un taux de bas réticulocytes ;
    • La vie en altitude en causant une hypoxie chronique, tend à faire augmenter le taux de réticulocytes ;
    • Certains médicaments à base d’Erythropoïétine, en stimulant la production de globules rouges, tendent  à faire augmenter le nombre de réticulocytes sanguins.

Limites de la numération des réticulocytes

Généralement, le taux de reticulocytes n’aide pas le clinicien lorsque le taux réticulocytaire est trop variable pour trancher. Ou encore lorsqu’il ya différentes circonstances en conflit. Comme c’est le cas dans les anémies mixtes.

Dans le 1er cas

Nous avons par exemple le cas d’une anémie ferriprive couplée à une inflammation. A cause de la séquestration du fer par les macrophages de l’inflammation, l’on peut dire que c’est une anémie centrale. Donc, logiquement, elle est arégénérative, et le taux de réticulocytes sera peu élevé.

Mais ici la valeur du taux de réticulocytes n’a pas d’intérêt. En effet, celui-ci augmente au début comme dans une anémie regénérative, puis diminue pogressivement, et enfin s’effondre. L’anémie devient alors arégénérative. Ceci selon le stade de l’anémie. [4]

Dans le 2ème cas

Si nous avons un saignement et donc une anémie hémolytique, ceci veut dire que c’est une anémie regénérative. Le taux de réticulocytes devrait être élevé. Cependant, si elle est couplée à une anémie ferriprive, la numération des réticulocytes est basse. L’anémie est arégénérative. Dans ce cas, il est difficile de comprendre pourquoi le taux est bas si l’on n’ établit pas la carence en fer par d’autres examens [5].

Comme cette situation d’anémie mixte, d’autres situations peuvent se présenter qui rendent difficile l’interprétation du taux de réticulocytes : l’inflammation couplée à un  syndrome myéloprolifératif, ou encore couplée à un syndrome myélodisplasique [5].

En définitive, la numération des réticulocytes présente des avantages certains et a intérêt à être demandée par le clinicien, mais elle ne permet pas au clinicien de trancher dans des situations complexes. Cependant, le clinicien averti saura, face à ces situations complexes, tirer le meilleur parti de la numération réticulocytaire. Ne serait-ce par le fait qu’elle soit généralement difficile à interpréter. C’est une aide précieuse au diagnostic différentiel.

Pour la technique manuelle de numération de réticulocytes au laboratoire, bien vouloir consulter l’article suivant.


Bibliographie

[1]   Lupacchino, C. (2008, avril). La stabilité des réticulocytes. Récupéré sur EsSante: http://essante.ch/uploads/diplomes/TD-CL-RETI.pdf

[2] Biologie tropicale.(2015).  Numération des reticulocytes. Repéré à http://www.bioltrop.fr/spip.php?article147

[3] Cytologie-sanguine .(n.d.). Pathologie globule rouge. Repéré à http://www.cytologie-sanguine.com/html/globulesrouges1.php

[4] Baledent F.(2011 juin 24). Diagnostic d’une anémie ferriprive. Développement santé. Repéré à https : //devsanté.org/article/diagnostic-d-une-anemie-ferriprive

[5] Varet, B. (2002). Anémie inflammatoire diagnostic et traitement. Hématologie, 8(1), 17‑19.

Avertissement: La procédure ci-dessus décrite est un exemple. Pour la rendre applicable dans votre laboratoire, elle doit être validée par votre directeur technique.

Les auteures:

-Rédigé par Renée A. LEYEBE, titulaire d’une Licence en Sciences de la Santé, option Analyses Médicales

-Validé par Petronile NGO ETOUNDE est titulaire d’un Master en Microbiologie et Immunologie

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