Biopsie cutanée exsangue: que faire pour un résultat fiable

Biopsie cutanée exsangue: recommandations sur les mesures à prendre pour un résultat fiable du prélèvement à la lecture des lames.

Sommaire

Sur le prélèvement de la biopsie

Il est conseillé d’utiliser des aiguilles de taille 22G (0,7mm) x 40 mm pour injections intramusculaires ou 22G x 25 mm pour injection sous-cutanée [1]. Cette taille est adéquate car elle permet d’avoir un fragment de peau suffisant mais exsangue. Il doit rester collé à l’aiguille. Du sang brouillerait la lecture microscopique à l’ état frais. De plus, un point capital pour l’ identification est que O. volvulus n’est généralement pas retrouvée dans le sang [3].

Il est bon de disposer du mode opératoire affiché au mur dans la salle de prélèvement en plus de la Procédure Opératoire Standard du manuel de procédures du laboratoire. Pour un exemple de procédure, bien vouloir consulter l’article suivant.

En effet, avec l’efficacité des programmes de santé pour l’éradication de l’onchocercose, les biopsies cutanées exsangues ne sont pas un prélèvement de routine pour un laboratoire non spécialisé. Pouvoir expliquer au patient la technique de prélèvement par des illustrations faciles à comprendre permettra à ce dernier d’être rassuré. Nous aurons ainsi son consentement éclairé et ce dernier est un facteur clé pour un bon prélèvement.

Note sur les échantillons

Très rarement, dans 5 à 10 % des cas, les microfilaires de O. volvulus peuvent passer dans l‘urine où elles sont retrouvées encore mobiles [1].

Il est possible de les retrouver aussi dans les expectorations, bien que ce soit rare [2].

Technique de préparation des lames

Lors de la confection de l’état frais, il faut éviter d’ aplatir le morceau de peau, ou le triturer. Sinon, les microfilaires présentes seraient abîmées.

De même, il ne faut pas laisser sécher la préparation (examen dans les 10 minutes). Si toute la peau ne baigne pas dans l’eau physiologique, en rajouter sous la lamelle à l’aide d’une pipette Pasteur. Jusqu’à ce que toute la surface soit humide [1].

Sur la technique d’analyse des lames

A l’ état frais

Si l’on ne voit pas les microfilaires sorties de la peau à l’état frais dans les 10 minutes requises, examiner aussi l’intérieur du fragment de peau. Elle pourraient être vues en train de se mouvoir en transparence [1].

En cas de doute sur la négativité de l’examen, prélever une goutte de sang du bout du doigt et l’observer entre lame et lamelle à la recherche de microfilaires de Loa loa.

A l’ état coloré

En cas d’état frais positif, il faut faire un frottis et une goutte épaisse à colorer. Bien faire attention à ne pas défibriner la goutte de peur de casser les microfilaires.

Ci dessous, un tableau comaparatif permettant de faire facilement l’identification des deux microfilaires colorées au Giemsa.

Microfilaire de Loa loa colorée au Giemsa (f). Les images sont tirées d’un manuel de paillasse de l’OMS[3]. Il n’y a pas de corps interne facilement identifiable dans les microfilaires colorées de Loa loa.
Microfilaire de Onchocerca volvulus colorée au Giemsa. Image tirée d’un manuel de paillasse de l’OMS[3].

Les vers adultes de Loa loa peuvent se trouver sous la peau, tandis que ses microfilaires sont sanguicoles.

Pour faire la différence entre Loa loa et O. volvulus, le mieux serait de colorer et identifier précisément de quelle microfilaire il s’agit. Et non pas se limiter à l’ état frais, bien que les différences soient déja notables.

En effet, il est possible, bien que rare, que les microfilaires d’ O. volvulus se retrouvent dans le sang périphérique. Et il est important de les différencier vu que le traitement n’est pas le même.

Sur les techniques alternatives à la microscopie

Bien qu’il ait été possible de faire les biopsies cutanées exangues sur le terrain, des techniques serologiques sont également disponibles. Notamment les tests recherchant les anticorps dirigés contre l’antigène spécifique à O. volvulus, l’ antigène ov-16.

Des tests rapides (voir l’article suivant pour une étude portant sur l’application sur le terrain d’un test rapide en zone endémique ), des tests basés sur la technique ELISA, ou encore sur la PCR ( Polymerase Chain Reaction) sont disponibles.

En conclusion

Heureusement un programme Africain de lutte contre l’ Onchocercose a été mené entre 1995 et 2010. De même d’autres programmes ont été menés ailleurs comme en Amérique. Et la maladie a bien reculé.

Mais nous recevons encore à l’heure où cet article est écrit des patients auxquels un skin snip test est prescrit. Nous ne devons donc pas relâcher notre surveillance et devons garder la qualité de nos procédures et résultats à l’esprit. Car elles garantissent la fiabilité et donc le caractère exploitable de l’information médicale mise à la disposition du clinicien.

Bibliographie

1.Organisation Mondiale de la Santé.(1982). Manuel des techniques de base pour le laboratoire médical. Etabli sur la base d’ un manuel antérieur d’ Etienne Lévy-Lambert. Repéré à https://apps.who.int/iris/handle/10665/40544

2.Collège des Universitaires de Maladies Infectieuses  Tropicales. (2012). Maladies Infectieuses Tropicales. Epilly TROP. Edition Web. Edition Alinéa Plus. www.infectiologie.com

3.World Health Organization. (1997). Bench aid for the diagnosis of filarial infections.  Repéré à        https://apps.who.int/iris/handle/10665/37156

Avertissement: La procédure ci-dessus décrite est un exemple. Pour la rendre applicable dans votre laboratoire, elle doit être validée par votre directeur technique.

Les auteures:

-Rédigé par Renée A. LEYEBE, titulaire d’une Licence en Sciences de la Santé, option Analyses Médicales

-Validé par Petronile NGO ETOUNDE, titulaire d’un Master en Microbiologie et Immunologie.

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